Compte-rendu de la journée
La journée 2018 du groupe de travail IDM (Ingénierie Dirigée par les
Modèles) du GDR GPL s’est tenue le 5 Avril 2018 à Paris au Laboratoire
d’Informatique de Paris 6. Le thème de la journée était l’ingénierie
collaborative et son rapport à l’IDM.
L’ingénierie dirigée par les modèles sert depuis longtemps la cause de
la conception des systèmes complexes avec le MBSE (Model-Based Systems
Engineering). Bien que la question d’une ingénierie multi-disciplinaire
soit parfois posée, l’ingénierie dirigée par les modèles tend encore à
l’aborder d’un point de vue très technique ignorant bien des aspects
humains liés à la collaboration. L’ingénierie collaborative ne peut se
réduire à une problématique de modélisation hétérogène et doit donc se
concevoir dans une optique plus large d’ingénierie de la collaboration
elle-même touchant à des domaines scientifiques connexes comme la
représentation des connaissances, mais aussi les sciences de la
collaboration, la linguistique et la psychologie. La collaboration et
la modélisation sont deux activités profondément humaines et doivent se
concevoir comme telles.
Lors de cette journée, 5 exposés sur ce thème ont été réalisés :
« Modeling Heterogeneous Embedded Systems with TTool » par Daniela Genius (LIP6).
« Fédération de modèles, modélisation libre et recherche collaborative » par Antoine Beugnard (IMT Atlantique), invité.
« Ontologies entre EA et MBSE », par Rémy Fannader (Caminao).
« Alignement collaboratif de modèles de conception hétérogènes » par Saloua Bennani (IRIT).
« Consistency in Collaborative System Engineering » par Ali Koudri (IRT SystemX).
Cette journée a été l’occasion d’aborder et débattre des questions
essentielles de l’IDM par rapport aux problématiques de l’ingénierie
collaborative :
Comme noté dans plusieurs exposés, il existe plusieurs niveau de
collaboration (entre individus, entre organisations, etc.). Ces niveaux
de collaboration entraînent des difficultés spécifiques qui doivent
être adressés par les approches d’une ingénierie collaborative. Il est
nécessaire de bien cerner ces difficultés afin d’y répondre au mieux.
En particulier pour ce qui concerne l’IDM, les différents exposés ont
permis de commencer à détourer les limites actuels des approches de
l’IDM au regard des question de collaboration. Par exemple, les exposés
de Daniela Genius et de Saloua Bennani ont permis de mettre en lumière
la problématique de la traçabilité dans l’IDM. Si cette problématique
était déjà connue dans l’IDM, elle prend une nouvelle dimension dans le
contexte de l’ingénierie collaborative (production et gestion
collaborative de la traçabilité, etc.)
Si l’utilisation des ontologies a longtemps pu être vu comme
antagoniste au domaine IDM ; il est apparu dans les exposés d’ Antoine
Beugnard, Rémy Fannader et Ali Koudri que leur utilisation pouvait
permettre au domaine IDM de mieux prendre en compte les problématiques
de modélisation hétérogènes, qui, certes déjà posées dans l’IDM,
prennent également une nouvelle dimension. Si les modèles sont biens
exprimés dans des langages de modélisation différentes, ou plus
généralement des espaces techniques différents (langage, outillage,
etc.) ; il ne s’agit maintenant plus de simplement relier ou agréger
ces modèles, mais de prendre en compte leur sémantique profonde, y
compris les usages de modélisation des utilisateurs non capturés par
les langages et/ou outils. La finalité de cette pratique n’est plus le
modèle lui-même mais la résolution des problématiques bien humaines de
la communication et du partage d’une information entre les utilisateurs
avec le moins possible d’ambiguïté.
Enfin, à travers les présentation d’ Antoine Beugnard, Rémy Fannader,
Saloua Bennani et Ali Koudri, a été posé la question de la conception
de la collaboration elle-même dans le cadre de l’ingénierie
collaborative. Il apparaît en effet une nécessité forte de concevoir
les modes et processus de collaboration. Une question essentielle
soulevée lors de cette journée était donc en quoi l’IDM est-elle
applicable pour l’ingénierie de la collaboration elle-même ? Cette
dernière question n’a bine sûr pas encore de réponse à ce jour mais
nous pensons qu’ il s’agit d’un axe fort d’évolution du domaine IDM
dans les années à venir.